lundi 6 octobre 2008

Actes 17,16 à 34


Texte biblique


Comme Paul les attendait à Athènes, il sentait au dedans de lui son esprit s’irriter, à la vue de cette ville pleine d’idoles. Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et les hommes craignant Dieu, et sur la place publique chaque jour avec ceux qu’il rencontrait. Quelques philosophes épicuriens et stoïciens se mirent à parler avec lui. Et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? D’autres, l’entendant annoncer Jésus et la résurrection, disaient : Il semble qu’il annonce des divinités étrangères. Alors ils le prirent, et le menèrent à l’Aréopage, en disant : Pourrions–nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu enseignes ? Car tu nous fais entendre des choses étranges. Nous voudrions donc savoir ce que cela peut être. Or, tous les Athéniens et les étrangers demeurant à Athènes ne passaient leur temps qu’à dire ou à écouter des nouvelles. Paul, debout au milieu de l’Aréopage, dit : Hommes Athéniens, je vous trouve à tous égards extrêmement religieux. Car, en parcourant votre ville et en considérant les objets de votre dévotion, j’ai même découvert un autel avec cette inscription : A un dieu inconnu ! Ce que vous révérez sans le connaître, c’est ce que je vous annonce. Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme ; il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang, habitassent sur toute la surface de la terre, ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leur demeure ; il a voulu qu’ils cherchassent le Seigneur, et qu’ils s’efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous, car en lui nous avons la vie, le mouvement, et l’être. C’est ce qu’ont dit aussi quelques–uns de vos poètes : De lui nous sommes la race… Ainsi donc, étant la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme. Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts… Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, et les autres dirent : Nous t’entendrons là–dessus une autre fois. Ainsi Paul se retira du milieu d’eux. Quelques–uns néanmoins s’attachèrent à lui et crurent, Denys l’aréopagite, une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.



Réflexion

Paul seul à Athènes :

Paul se trouve à Athènes dans une situation inédite :
- il est seul, sans aide ni équipe
- il se trouve plongé dans une culture totalement différente de la sienne
- il est face au défi de se trouver dans une grande ville, fierté de la culture grecque.
La question qui se pose et qui est de mise dans une telle situation : que Paul peut-il faire dans un tel contexte ?

1ère chose : prendre connaissance du milieu dans lequel il se trouve

Paul fait le tour de la ville. Il veut connaître sa température spirituelle, constater de visu ce que croient ses habitants pour savoir ce contre quoi il s’opposera en annonçant l’évangile. Ce qu’il découvre, l’idolâtrie omniprésente, l’exaspère, mais aussi attise son désir d’annoncer l’Evangile et le Dieu unique

2ème chose : chercher les ponts au travers desquels il peut, avec l’Evangile, rejoindre les Athéniens dans ce qu’ils croient (une démarche obligatoirement antérieure à sa prise de parole)
Dans la culture grecque étrangère aux vérités de la parole de Dieu, Paul ne part pas, contrairement à l’accoutumée, des affirmations bibliques pour s’adresser aux grecs pour qui le Livre n’a pas d’autorité. Il part des éléments connus de leur culture par lesquels il y a une porte d’entrée pour l’Evangile : l’autel au dieu inconnu, une citation d’un de leurs auteurs. Il part de ce qui est connu pour eux pour les mener à ce qu’il veut leur faire découvrir et qui leur est inconnu. La même stratégie devrait être suivie aujourd’hui par les chrétiens lorsqu’ils veulent atteindre les non-croyants étrangers à la culture biblique ou habités par une toute autre idéologie.


Notons que, bien qu’exaspéré par l’idolâtrie ambiante, Paul ne commence pas son discours aux athéniens de manière négative ou en les jugeant. Il relève l’aspect positif de leur dévotion. Il exprime un constat, sans se prononcer sur ce qu’il en pense, mais le transmet aux Athéniens qui ne peuvent l’entendre que comme un compliment qui leur est adressé.


Une bonne connaissance de la spiritualité, des références philosophiques de ceux à qui nous nous adressons : une condition préliminaire à l’annonce de l’Evangile.


3ème chose : aller à la rencontre des personnes là où elles se trouvent.

Paul n’a pas attendu que les gens viennent vers lui. Il est allé vers eux, les a accroché, interpellé. Il s’est rendu sur la place publique, là où était le lieu d’échange et de discussion des gens dans la ville. Il n’a pas considéré qu’étant seul, il ne pouvait rien faire. Bien que seul, il avait le Seigneur, la Parole de Dieu et l’Esprit avec lui. Son équipe n’était pas faite d’hommes, mais de la Trinité.

Notons ici que Paul ne fera à Athènes aucun miracle qui validerait sa prédication. Il est notoire par ailleurs que la prédication à Athènes, telle qu’elle nous est rendue, est la seule dans laquelle le nom de Jésus n’est pas cité explicitement. La raison en est, qu’avant d’arriver à Jésus, Paul se devait de poser d’autres fondements : l’affirmation de la réalité d’un Dieu unique, Créateur de la terre et des cieux, d’une origine commune à l’humanité, du non-sens par conséquent de l’idolâtrie. Ce n’est qu’en fin de discours que Paul aborde "la preuve Jésus", l’homme au travers duquel à la fois Dieu et l’homme doivent se situer : l’homme par rapport à Dieu, et Dieu dans la relation qu’Il veut avoir avec les hommes.

Humainement vue, la mission de Paul à Athènes peut apparaître comme son plus grand échec sur le plan des résultats. Quelques personnes seulement s’attachèrent à lui. Il n’est fait par ailleurs nulle part mention ici et dans l’avenir de l’implantation d’une église dans la ville. Peut-être un signe qui souligne la difficulté d’implantation de l’Evangile dans un terrain où la philosophie et l’idolâtrie prédomine : cf la France

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