samedi 8 novembre 2008

Actes 28,11 à 31


Texte biblique

Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un navire d’Alexandrie, qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pour enseigne les Dioscures. Ayant abordé à Syracuse, nous y restâmes trois jours. De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio ; et, le vent du midi s’étant levé le lendemain, nous fîmes en deux jours le trajet jusqu’à Pouzzoles, où nous trouvâmes des frères qui nous prièrent de passer sept jours avec eux. Et c’est ainsi que nous allâmes à Rome. De Rome vinrent à notre rencontre, jusqu’au Forum d’Appius et aux Trois Tavernes, les frères qui avaient entendu parler de nous. Paul, en les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage. Lorsque nous fûmes arrivés à Rome, on permit à Paul de demeurer en son particulier, avec un soldat qui le gardait. Au bout de trois jours, Paul convoqua les principaux des Juifs ; et, quand ils furent réunis, il leur adressa ces paroles : Hommes frères, sans avoir rien fait contre le peuple ni contre les coutumes de nos pères, j’ai été mis en prison à Jérusalem et livré de là entre les mains des Romains. Après m’avoir interrogé, ils voulaient me relâcher, parce qu’il n’y avait en moi rien qui méritât la mort. Mais les Juifs s’y opposèrent, et j’ai été forcé d’en appeler à César, n’ayant du reste aucun dessein d’accuser ma nation. Voilà pourquoi j’ai demandé à vous voir et à vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je porte cette chaîne. Ils lui répondirent : Nous n’avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet, et il n’est venu aucun frère qui ait rapporté ou dit du mal de toi. Mais nous voudrions apprendre de toi ce que tu penses, car nous savons que cette secte rencontre partout de l’opposition. Ils lui fixèrent un jour, et plusieurs vinrent le trouver dans son logis. Paul leur annonça le royaume de Dieu, en rendant témoignage, et en cherchant, par la loi de Moïse et par les prophètes, à les persuader de ce qui concerne Jésus. L’entretien dura depuis le matin jusqu’au soir. Les uns furent persuadés par ce qu’il disait, et les autres ne crurent point. Comme ils se retiraient en désaccord, Paul n’ajouta que ces mots : C’est avec raison que le Saint–Esprit, parlant à vos pères par le prophète Esaïe, a dit : Va vers ce peuple, et dis : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse. Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu’ils l’écouteront. Lorsqu’il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, discutant vivement entre eux. Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui venaient le voir, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui concerne le Seigneur Jésus–Christ, en toute liberté et sans obstacle.

Réflexion

Paul à Rome :

Après 3 mois passés à Malte, Paul put repartir avec tous ceux qui l’accompagnaient jusque Rome, destination ultime de son voyage. Arrivé sur place, il fut l’objet d’une garde bienveillante qui lui permit de recevoir et d’accueillir tous ceux qui, ayant entendu parler de lui, venaient le visiter. Le premier souci de l’apôtre à Rome sera de convoquer les notables juifs, les principaux de sa nation, pour leur expliquer de vive voix le dilemme dans lequel il se trouvait et la raison de son envoi en comparution à Rome.

En effet, si la foi de Paul suscitait l’opposition de ceux de son peuple attaché à Moïse, Paul n’en était pour autant pas moins juif qu’eux. Aussi, dans son intention d’annoncer l’Evangile, était-il soucieux, à cause de l’opposition qu’il suscitait parmi les siens, de ne porter en aucun cas, dans sa défense auprès de l’empereur, préjudice à sa nation. Paul était ainsi tiraillé entre deux identités auxquelles il tenait autant l’une qu’à l’autre. Attaché à Christ, il n’était, par souci de ne pas nuire à ses coreligionnaires, nulle question pour lui de changer en quoi que ce soit la teneur et les implications de son message. Juif de naissance, il lui aurait été insupportable de voir la souffrance de son peuple augmenter à cause du témoignage qu’il voulait rendre à Christ. Paul expliqua donc que c’est contraint et forcé qu’il dut faire cette démarche d’appel à l’empereur qui l’amenait dans la capitale.

Dieu répondra au souci de Paul, à la fois d’être jusqu’au bout un témoin de Christ et de ne pas porter préjudice par ce témoignage à son peuple d’origine, de deux manières :

1. à cause de la liberté qui lui sera octroyé, il aura pendant deux ans l’occasion de faire connaître l’Evangile à un grand nombre de personnes à Rome même. Tous, s’ils le voulaient, juifs comme païens, pouvaient avoir l’occasion de connaître Christ., et de quelle manière la foi en Christ s’accordait pleinement avec la foi judaïque ancienne.

2. les deux ans minimaux accordés à Paul à Rome vont détacher la raison de sa présence dans la capitale du lien et du conflit qui était la cause de sa venue. C’est pour son témoignage sur place, sa foi au Christ-Roi, qu’il sera exécuté et mis à mort par ordre de l’empereur Néron. Paul moura en martyr pour Christ sans avoir eu à témoigner contre les siens : ce qui aurait été pour lui une cause de tristesse ombrageant fortement sa joie de témoin.

Que le Seigneur nous donne de Lui être fidèle sans calcul jusqu’au bout, sachant que c’est Toi, Seigneur, qui prépare pour nous la sortie la meilleure de ce monde pour Ta gloire !

vendredi 7 novembre 2008

Actes 28,1 à 10


Texte biblique

Après nous être sauvés, nous reconnûmes que l’île s’appelait Malte. Les barbares nous témoignèrent une bienveillance peu commune ; ils nous recueillirent tous auprès d’un grand feu, qu’ils avaient allumé parce que la pluie tombait et qu’il faisait grand froid. Paul ayant ramassé un tas de broussailles et l’ayant mis au feu, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur et s’attacha à sa main. Quand les barbares virent l’animal suspendu à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément cet homme est un meurtrier, puisque la Justice n’a pas voulu le laisser vivre, après qu’il a été sauvé de la mer. Paul secoua l’animal dans le feu, et ne ressentit aucun mal. Ces gens s’attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement ; mais, après avoir longtemps attendu, voyant qu’il ne lui arrivait aucun mal, ils changèrent d’avis et dirent que c’était un dieu. Il y avait, dans les environs, des terres appartenant au principal personnage de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea pendant trois jours de la manière la plus amicale. Le père de Publius était alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie ; Paul, s’étant rendu vers lui, pria, lui imposa les mains, et le guérit. Là–dessus, vinrent les autres malades de l’île, et ils furent guéris. On nous rendit de grands honneurs, et, à notre départ, on nous fournit les choses dont nous avions besoin.

Réflexion

Paul à Malte :

Un autre aspect du témoignage chrétien rendu par Paul dans le contexte civil dans lequel il se trouve est la manifestation miraculeuse de la main de Dieu dans une circonstance adverse précise. L’action visible de Dieu pour Paul, action parlante quoique non verbale, constatée par les autochtones de l’île de Malte qui, bien que ne connaissant pas Dieu, étaient sensibles au principe supra humain de Justice (principe basé sur la loi de cause à effet disant qu’un homme récolte dans sa vie ce qu’il a semé), action par laquelle Paul apparut comme un homme dont la vie était affranchie de ce principe, suffit à les convaincre que l’apôtre n’était pas un homme ordinaire, mais pouvait être considéré comme un dieu.

Le vécu de Paul dans la circonstance est un puissant encouragement à compter, dans le contexte de notre vécu quotidien, à l’irruption concrète et visible de la manifestation de Dieu. Cette irruption est le témoignage que, bien que vivant dans un monde régi par les mêmes lois physiques que les autres, notre vie en Christ se situe sur un autre plan : le plan du royaume de Dieu, un royaume qui n’est pas régi par les principes auxquels sont habituellement soumis les hommes, mais par la libre volonté et la souveraineté de Dieu. La loi qui prévaut ainsi dans le royaume de Dieu est celle selon laquelle tout ce qui se fait (et peut se faire) a pour objet et pour cause le témoignage de ce que Dieu est. Si donc, dans le but de Sa révélation, le Seigneur estime qu’une action surnaturelle est, dans un contexte donné, la meilleure voie à suivre, Il le fera. Une des marques de notre appartenance à Dieu est que notre vie n’est plus régie par les principes élémentaires de ce monde. Bien que vivant encore dans un corps soumis à la mort, à la corruption et aux lois physiques, nous sommes aussi déjà citoyens du royaume de Dieu. Et l’action surnaturelle de Dieu en notre faveur a pour objet de manifester aux autres cette double appartenance et identité qui sont les nôtres.

A nous ensuite de témoigner, comme Paul l’a fait, de quelle manière et par quel chemin nous avons eu accès à ce statut et cette nouvelle identité !

Questions :

Dans tout le récit que rend Luc du voyage de Paul vers Rome, le naufrage, la survie de l’équipage, le miracle de l’immunité de Paul quant au venin de la vipère, pus les guérisons nombreuses opérées sur l’île de Malte, on peut être quelque peu gêné par la mise en scène glorieuse de l’apôtre, apparaissant comme un super héros toujours capable de sortir victorieux de toutes les adversités.

Deux questions au moins se posent quant à ce récit :

1. Qu’en est-il des autres croyants, compagnons de Paul ? Paul était-il le seul canal par lequel la puissance et le témoignage de Dieu se manifestaient ? Il y a toujours un risque de déplacement de gloire lorsque, au lieu d’être braqués sur le Seigneur, les feux de la rampe se focalisent sur un instrument ou un ouvrier de cette gloire. Il est certain que nous ne sommes pas tous des Paul, qu’il était un instrument particulier du Seigneur dans la phase d’implantation de l’Eglise dans le monde. Si Paul a vécu des épisodes glorieux avec Dieu, il a aussi, en contrepartie, à son actif un catalogue de souffrances et d’épreuves duquel peu, si ce n’est personne avant et après lui, peuvent se réclamer. Paul ne manquera pas d’ailleurs, à l’égard de ceux qui, sans doute par jalousie à son égard, se vantaient de ne pas lui être inférieur, de le remarquer. Une vie, pour être correctement évaluée, ne doit pas être vue sous un seul angle. Elle est un ensemble dans lequel gloire et souffrance ont d’étroites correspondances.

Que le Seigneur nous garde de prétendre être autre chose que ce que nous sommes. Si nous envions la gloire ou la réputation auxquelles est parvenue un saint, demandons-nous si nous sommes prêts à vivre le parcours qu’il a, par ailleurs, eu !

2. L’apôtre est-il condamné au succès ? N’y a-t-il jamais des circonstances desquelles l’apôtre ne se sortira pas avec gloire ? Evidemment, oui ! La toute puissance de Dieu, qui n’a pas épargné à Jésus la croix, n’épargnera pas non plus Son serviteur. Ce que nous lisons de Paul ici n’est qu’une photo d’un moment de l’ensemble de sa vie, photo qui ne doit pas être prise comme la norme quotidienne de son vécu. Il serait faux ; déséquilibré et dangereux de considérer les épisodes glorieux de la vie d’un saint comme le principe sur lequel toute vie spirituelle et chrétienne devrait être bâtie. Hébreux 11, et la liste des héros de la foi que ce chapitre dresse, traite clairement en faux cette idée : Hébreux 11,32 à 40. Paul ne sortira pas indemne de son arrivée à Rome. Nul doute que, dans sa fidélité à Dieu, il n’hésitera pas à témoigner hardiment du Christ à l’empereur. Nous ne savons rien de ce qui ce sera dit lors de cette comparution. Mais nous savons deux choses qui en résulteront par la suite. Paul mourra en martyr ; l’empereur Néron manifestera à l’égard des chrétiens un mépris et une haine peu commune. La colère de l’empereur est-elle liée au parfum du Chris répandu auprès de ses narines ? L’éternité seule pourra le dire !

Que le Seigneur nous donne dans notre témoignage d’être aussi fidèle que Paul l’a été à Sa glorieuse Personne en toutes circonstances !

jeudi 6 novembre 2008

Actes 27

Texte biblique

Lorsqu’il fut décidé que nous nous embarquerions pour l’Italie, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centenier de la cohorte Auguste, nommé Julius. Nous montâmes sur un navire d’Adramytte, qui devait côtoyer l’Asie, et nous partîmes, ayant avec nous Aristarque, Macédonien de Thessalonique. Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon ; et Julius, qui traitait Paul avec bienveillance, lui permit d’aller chez ses amis et de recevoir leurs soins. Partis de là, nous longeâmes l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. Après avoir traversé la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous arrivâmes à Myra en Lycie. Et là, le centenier, ayant trouvé un navire d’Alexandrie qui allait en Italie, nous y fit monter. Pendant plusieurs jours nous naviguâmes lentement, et ce ne fut pas sans difficulté que nous atteignîmes la hauteur de Cnide, où le vent ne nous permit pas d’aborder. Nous passâmes au–dessous de l’île de Crète, du côté de Salmone. Nous la côtoyâmes avec peine, et nous arrivâmes à un lieu nommé Beaux Ports, près duquel était la ville de Lasée. Un temps assez long s’était écoulé, et la navigation devenait dangereuse, car l’époque même du jeûne était déjà passée. C’est pourquoi Paul avertit les autres, en disant : O hommes, je vois que la navigation ne se fera pas sans péril et sans beaucoup de dommage, non seulement pour la cargaison et pour le navire, mais encore pour nos personnes. Le centenier écouta le pilote et le patron du navire plutôt que les paroles de Paul. Et comme le port n’était pas bon pour hiverner, la plupart furent d’avis de le quitter pour tâcher d’atteindre Phénix, port de Crète qui regarde le sud–ouest et le nord–ouest, afin d’y passer l’hiver. Un léger vent du sud vint à souffler, et, se croyant maîtres de leur dessein, ils levèrent l’ancre et côtoyèrent de près l’île de Crète. Mais bientôt un vent impétueux, qu’on appelle Euraquilon, se déchaîna sur l’île. Le navire fut entraîné, sans pouvoir lutter contre le vent, et nous nous laissâmes aller à la dérive. Nous passâmes au–dessous d’une petite île nommée Clauda, et nous eûmes de la peine à nous rendre maîtres de la chaloupe ; après l’avoir hissée, on se servit des moyens de secours pour ceindre le navire, et, dans la crainte de tomber sur la Syrte, on abaissa les voiles. C’est ainsi qu’on se laissa emporter par le vent. Comme nous étions violemment battus par la tempête, le lendemain on jeta la cargaison à la mer, et le troisième jour nous y lançâmes de nos propres mains les agrès du navire. Le soleil et les étoiles ne parurent pas pendant plusieurs jours, et la tempête était si forte que nous perdîmes enfin toute espérance de nous sauver. On n’avait pas mangé depuis longtemps. Alors Paul, se tenant au milieu d’eux, leur dit : O hommes, il fallait m’écouter et ne pas partir de Crète, afin d’éviter ce péril et ce dommage. Maintenant je vous exhorte à prendre courage ; car aucun de vous ne périra, et il n’y aura de perte que celle du navire. Un ange du Dieu à qui j’appartiens et que je sers m’est apparu cette nuit, et m’a dit : Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César, et voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi. C’est pourquoi, ô hommes, rassurez–vous, car j’ai cette confiance en Dieu qu’il en sera comme il m’a été dit. Mais nous devons échouer sur une île. La quatorzième nuit, tandis que nous étions ballottés sur l’Adriatique, les matelots, vers le milieu de la nuit, soupçonnèrent qu’on approchait de quelque terre. Ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; un peu plus loin, ils la jetèrent de nouveau, et trouvèrent quinze brasses. Dans la crainte de heurter contre des écueils, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et attendirent le jour avec impatience. Mais, comme les matelots cherchaient à s’échapper du navire, et mettaient la chaloupe à la mer sous prétexte de jeter les ancres de la proue. Paul dit au centenier et aux soldats : Si ces hommes ne restent pas dans le navire, vous ne pouvez être sauvés. Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe, et la laissèrent tomber. Avant que le jour parût, Paul exhorta tout le monde à prendre de la nourriture, disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous êtes dans l’attente et que vous persistez à vous abstenir de manger. Je vous invite donc à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre salut, et il ne se perdra pas un cheveu de la tête d’aucun de vous. Ayant ainsi parlé, il prit du pain, et, après avoir rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit, et se mit à manger. Et tous, reprenant courage, mangèrent aussi. Nous étions, dans le navire, deux cent soixante–seize personnes en tout. Quand ils eurent mangé suffisamment, ils allégèrent le navire en jetant le blé à la mer. Lorsque le jour fut venu, ils ne reconnurent point la terre ; mais, ayant aperçu un golfe avec une plage, ils résolurent d’y pousser le navire, s’ils le pouvaient. Ils délièrent les ancres pour les laisser aller dans la mer, et ils relâchèrent en même temps les attaches des gouvernails ; puis ils mirent au vent la voile d’artimon, et se dirigèrent vers le rivage. Mais ils rencontrèrent une langue de terre, où ils firent échouer le navire ; et la proue, s’étant engagée, resta immobile, tandis que la poupe se brisait par la violence des vagues. Les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux ne s’échappât à la nage. Mais le centenier, qui voulait sauver Paul, les empêcha d’exécuter ce dessein. Il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers dans l’eau pour gagner la terre, et aux autres de se mettre sur des planches ou sur des débris du navire. Et ainsi tous parvinrent à terre sains et saufs.

Réflexion

Départ pour l’Italie, tempête et naufrage :


Le récit du voyage de Paul vers l’Italie, pour une comparution devant César, nous permet d’observer de quelle manière l’apôtre, placé dans un contexte et une situation humaine autre que spirituelle, s’est comporté et a pu être un témoin de Christ. Chacun de nous, nous le savons, peut exceller dans le domaine et le milieu de prédilection qui est le sien. Ce n’est cependant pas dans ce milieu, dans lequel nous nous sentons le plus à l’aise, que nous nous connaissons le mieux et que nous sommes le plus à même de mesurer la vigueur de notre force spirituelle et de notre ancrage en Christ. C’est, au contraire, au moment où nous sommes déracinés, placés dans un univers qui ne nous est pas familier que nous pouvons le mieux faire l’expérience de l’avantage et de la force que représente pour nous le fait d’être en Christ.

Quel apport, de quels avantages particuliers sur ces compagnons de route et d’infortune, Paul va-t-il faire preuve en Christ en tant que serviteur de Dieu ?

1. Avant que les difficultés n’arrivent et qu’elles puissent même être pressenties, Paul possédait par Dieu la prescience de ce qui allait se produire : v 10. Parce qu’il avait l’Esprit de Dieu en lui, il possédait une connaissance intuitive des choses à laquelle la sagesse humaine n’avait pas accès. Ainsi, nous voyons que, contre l’avis des connaisseurs (le timonier et le capitaine du navire), Paul avertit ses compagnons du danger auquel ils risquaient de s’exposer en poursuivant leur route. Un premier avantage des enfants de Dieu, placés dans une situation et un contexte inhabituels, est qu’ils peuvent savoir, qu’en toutes circonstances, même s’ils ne sont pas humainement qualifiés pour se prononcer sur un sujet, ils peuvent compter sur la sagesse de Dieu pour discerner ce qu’il convient de faire. Leur avis ne sera peut-être pas pris en compte, comme ce fut le cas pour Paul, par les professionnels du secteur. Mais il s’avèrera avec le temps juste, exact, inspiré.

Le jugement que peut se former l’enfant de Dieu ne s’appuie pas uniquement sur des impressions ou l’analyse humaine de la situation. Mais, parce qu’il a l’Esprit de Dieu en lui, l’enfant de Dieu possède en lui la pensée et la connaissance même de Christ sur les choses. Aussi les avis qu’il émet, parce qu’ils proviennent de plus haut, d’une source à laquelle la seule raison ou intelligence humaine n’a pas accès, ne sont-ils pas toujours explicable ou échappent-ils à la seule analyse rationnelle des choses. D’où le fait de ne pas être pris au sérieux !

2. Même s’il se trouve embarqué de force dans une situation qu’il n’a pas choisie et pour laquelle même, il avait au départ un avis contraire, l’enfant de Dieu peut ensuite compter, tout au long de son voyage, sur la fidélité de Dieu. Mené là où il n’aurai pas voulu être, Dieu ne l’abandonne pas. Il l’accompagne, le soutient, le conduit, l’inspire et lui donne même d’apparaître pour son entourage, au milieu même de la détresse, comme la voix de l’espoir, l’avis autorisé que chacun ferait bien de suivre : v 22 à 26. Comme, au départ, Paul a eu accès à une connaissance surnaturelle de ce qui allait se produire, Paul fera l’expérience tout au long du voyage de ce même privilège et de cet avantage d’avoir en Dieu la révélation de ce qu’il convient de faire à l’instant et de la manière dont, à la fin, les choses se termineront.

Alors que ceux qui sont autour de nous, dans leur situation de détresse, ne peuvent compter que sur leurs forces et leur lumière, nous avons en Dieu accès à une force et une lumière surnaturelles, capables de nous communiquer une assurance impossible sans elles. Paul, par la relation qu’il a avec Dieu, s’est révélé dans cette situation d’extrémité comme la principale source d’espoir pour tous ceux qui étaient embarqués avec lui dans cette situation.

3. Parce que les avis émis par Paul et le jugement qu’il a prononcé sur la situation se sont révélés exacts, l’apôtre est devenu la voix écoutée et l’autorité de sagesse à laquelle désormais les autres autorités vont s’aligner : v 30 à 32. Paul nous démontre ainsi ici que l’autorité que nous avons n’est pas liée à la fonction que nous occupons. L’autorité procède de la sagesse que nous communique l’Esprit de Dieu : cf Exode 18,13 à 24. Rappelons-nous donc que nous n’avons pas à nous battre pour l’affirmer. Elle s’exerce naturellement et est reçue sans effort ni discussion après que, dans une situation donnée, le Seigneur ait permis que nous ayons fait nos preuves.

4. Parce qu’il a par avance la connaissance par le Saint-Esprit de la façon avec laquelle les choses vont se passer, quelles seront leurs fins, Paul se révèle enfin comme un générateur de confiance pour son entourage : v 33 à 38. Son assurance et sa foi deviennent communicatives et finissent même par se traduire par des actes de foi chez les autres. Le voyage qu’ils ont fait avec Paul, la situation de détresse qu’ils ont partagée avec Lui, leur ont appris que la confiance en Dieu était plus sûre et plus forte que celle en la sagesse et la raison humaine. Paul a été pour eux la démonstration de la différence d’avantages qui existe, dans des situations d’extrémité, entre celui qui a Dieu pour appui et ceux qui n’ont qu’eux-mêmes pour faire face à l’impossible.

5. Parce qu’il s’est révélé pour les autorités la cause première de leur salut, Paul va faire l’objet de leur part d’une bienveillance accrue qui, à son tour, sera source de salut pour lui : v 27. D’une certaine façon, Paul va vivre, sans le chercher, le principe qui est à la base de la naissance des communautés Emmaüs : c’est en sauvant les autres que l’on se sauve soi-même.

Que ce témoignage pratique et vivant soit pour nous source d’inspiration dans notre vécu quotidien, hors des murs sécurisés de nos églises ou de la Maison de Dieu, embarqués que nous sommes tous dans l’esquif si fragile de nos sociétés en proie à tant de forces destructrices !

mercredi 5 novembre 2008

Actes 26,24 à 32

Texte biblique

Comme il parlait ainsi pour sa justification, Festus dit à haute voix : Tu es fou, Paul ! Ton grand savoir te fait déraisonner. Je ne suis point fou, très excellent Festus, répliqua Paul ; ce sont, au contraire, des paroles de vérité et de bon sens que je prononce. Le roi est instruit de ces choses, et je lui en parle librement ; car je suis persuadé qu’il n’en ignore aucune, puisque ce n’est pas en cachette qu’elles se sont passées. Crois–tu aux prophètes, roi Agrippa ?… Je sais que tu y crois. Et Agrippa dit à Paul : Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! Paul répondit : Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens ! Le roi, le gouverneur, Bérénice, et tous ceux qui étaient assis avec eux se levèrent, et, en se retirant, ils se disaient les uns aux autres : Cet homme n’a rien fait qui mérite la mort ou la prison. Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être relâché, s’il n’en eût pas appelé à César.

Réflexion

Réaction de Festus au témoignage de Paul :

Voyant la passion et la conviction qui animaient Paul, Festus prit l’apôtre pour un homme devenu fou (un jugement qui sera aussi prononcé en son temps contre Jésus par quelques membres de sa parenté : Marc 3,21). C’est un jugement qui, pour des hommes passionnés, entiers et convaincus dans la cause qu’ils servent n’est pas rare à entendre. Une telle réflexion, si elle peut être justifiée sur certains points qui touchent aux aspects secondaires d’une doctrine ou à la façon avec laquelle elle est défendue, est cependant illégitime lorsqu’elle traite de la question de l’affirmation et de la défense de la vérité et de notre rapport avec Dieu. Le principe selon lequel « en toutes choses il faut garder l’équilibre » ou « toujours raison garder », ne peut s’appliquer dans une cause ou l’enjeu est une question de vie et de mort, de salut ou de perdition, de vérité ou de mensonge.

Non, dira Paul, il n’est pas devenu fou. Les faits sur lesquels son témoignage s’appuie sont pour chaque homme, chaque femme, pour Dieu et la vérité, si déterminants, qu’une seule réponse convient de la part de ceux qui, comme lui, en ont été instruits, éclairés et convaincus, non par leur raison humaine, mais par Dieu Lui-même : la consécration. Quelque part, Paul énonce, par sa passion et la force de conviction qui l’animent, le principe suivant : une vérité pour la défense de laquelle on n’est pas prêt à se livrer corps et âme, soit n’est pas la Vérité, soit ne trouve pas en nous des serviteurs dignes de la servir.

La réaction de Festus au zèle et à la passion dont Paul fait preuve est d’autant déplacée que, dit Paul prenant Agrippa à témoin, le roi n’est pas ignorant des faits qui en sont l’origine. La réaction de Festus est excusable en ce sens qu’il semblait méconnaître la réalité des évènements qui se sont produits et qui sont à la base du retournement complet d’opinion de Paul. Mais tel n’est pas le cas d’Agrippa qui sait très bien de quoi Paul parle et de ce qui en retourne. Le roi d’ailleurs ne manquera pas de signifier à Paul qu’il n’est pas insensible à la force de son témoignage. Il y a en lui quelque chose, un écho qui lui fait dire que ce qu’il entend est vrai, juste, cohérent et non insensé ou extravagant, qu’il y a ici une logique qui correspond en conscience au sens qu’il a de la vérité. Mais, entre être presque persuadé et s’engager à son tour, il y a un pas qu’il faut franchir, aussi décisif que celui qui nous fait passer la frontière d’un pays où nous sommes prisonniers à une terre où nous goûtons à la liberté. Oui ! Seul un engagement entier dans la foi peut nous faire passer du doute à la certitude, et de l’aperçu intuitif de la vérité au vécu.

Le roi Agrippa, après avoir entendu Paul, en restera là. L’apôtre l’a presque persuadé de devenir chrétien, mais, en fin de compte, il a choisi de ne pas le devenir. Il a été au privilège d’une occasion, unique, immense, qui, sans doute, ne se renouvellera pas et qui, peut-être pour toujours, aura fixé le sort de son éternité.

Que le Seigneur donne aujourd’hui à tous les Agrippa qui entendent la vérité qui Le concerne la grâce d’aller jusqu’au bout des conclusions que le Saint-Esprit leur donne d’entendre.

mardi 4 novembre 2008

Actes 26,1 à 23


Texte biblique

Agrippa dit à Paul : Il t’est permis de parler pour ta défense. Et Paul, ayant étendu la main, se justifia en ces termes: Je m’estime heureux, roi Agrippa, d’avoir aujourd’hui à me justifier devant toi de toutes les choses dont je suis accusé par les Juifs, car tu connais parfaitement leurs coutumes et leurs discussions. Je te prie donc de m’écouter avec patience. Ma vie, dès les premiers temps de ma jeunesse, est connue de tous les Juifs, puisqu’elle s’est passée à Jérusalem, au milieu de ma nation. Ils savent depuis longtemps, s’ils veulent le déclarer, que j’ai vécu pharisien, selon la secte la plus rigide de notre religion. Et maintenant, je suis mis en jugement parce que j’espère l’accomplissement de la promesse que Dieu a faite à nos pères, et à laquelle aspirent nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour. C’est pour cette espérance, ô roi, que je suis accusé par des Juifs ! Quoi ! vous semble–t–il incroyable que Dieu ressuscite les morts ? Pour moi, j’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth. C’est ce que j’ai fait à Jérusalem. J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux sacrificateurs, et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des autres. je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer. Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères. C’est dans ce but que je me rendis à Damas, avec l’autorisation et la permission des principaux sacrificateurs. Vers le milieu du jour, ô roi, je vis en chemin resplendir autour de moi et de mes compagnons une lumière venant du ciel, et dont l’éclat surpassait celui du soleil. Nous tombâmes tous par terre, et j’entendis une voix qui me disait en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes–tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons. Je répondis : Qui es–tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes. Mais lève–toi, et tiens–toi sur tes pieds ; car je te suis apparu pour t’établir ministre et témoin des choses que tu as vues et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai. Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t’envoie, afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent, par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés. En conséquence, roi Agrippa, je n’ai point résisté à la vision céleste: à ceux de Damas d’abord, puis à Jérusalem, dans toute la Judée, et chez les païens, j’ai prêché la repentance et la conversion à Dieu, avec la pratique d’œuvres dignes de la repentance. Voilà pourquoi les Juifs se sont saisis de moi dans le temple, et ont tâché de me faire périr. Mais, grâce au secours de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant témoignage devant les petits et les grands, sans m’écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver, savoir que le Christ souffrirait, et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations.

Réflexion

Paul présente sa défense devant Agrippa et Bérénice :

La nouvelle convocation de Paul pour rendre témoignage de sa foi est une bénédiction pour l’oeuvre de Dieu à double titre :

- elle est une nouvelle occasion donnée à l’apôtre de rendre témoignage de Christ au plus haut niveau. Luc fait ainsi remarquer, dans le chapitre précédent, que ce n’est pas seulement Agrippa et Bérénice qui sont présents dans la salle d’audience, mais que Paul a face à lui tout un parterre de personnalités de haut rang venues entendre sa défense. Plus la persécution dure, plus elle fait porter le témoignage en haut lieu.

- elle est peut-être l’exposé le plus complet qui nous soit donné du récit de sa conversion, de son appel et du contenu que le Seigneur a donné à sa mission. Un exposé que Dieu a voulu nous laisser comme modèle du genre, qui est et a été un mine d’enseignement sur le sujet pour les chrétiens de tous les temps.

La défense de Paul devant Agrippa et toutes les personnalités présentes porte sur 5 points :

1. Paul rappelle le vécu qui était le sien avant sa conversion et son adhésion au christianisme : Un vécu ignoré de personne, mais connu de tous : membre du parti le plus strict de la religion juive, les pharisiens

2. Paul partage son étonnement quant à la raison de l’opposition de ses compatriotes à son égard :
Le contenu de sa foi n’est pas autre que celui de l’espérance de ses pères : la venue du messie
La différence tient au fait que Paul a la conviction, contrairement à ses opposants, que c’est en Jésus que cette espérance s’accomplit.

Ingéniosité de Paul qui rattache sa foi présente à celle des pères du passé, auxquels croient ses contradicteurs.

3. Paul rappelle quelle a été son attitude de départ face à la foi nouvelle qui était en train de naître, et les actions qu’il a menées contre elle. Loin d’avoir immédiatement adhéré à la prédication du Christ, il s’est d’abord montré comme l’un de ses plus farouches opposants, emprisonnant, persécutant, forçant même les chrétiens au reniement et au blasphème.

4. Paul raconte ensuite ce qui fut la raison unique de son changement d’opinion : la révélation de Christ sur le chemin de Damas, alors qu’il était en route, muni d’un mandat des grands prêtres, pour arrêter les chrétiens. Une révélation qui s’est faite au travers
- d’une lumière aveuglante
- d’une voix s’adressant à lui en langue hébraïque

Paul comprend alors que c’est à Jésus, Celui à qui il s’oppose et qu’il refuse de reconnaître comme le Messie, qu’il a à faire. La vérité établie, Jésus, connaissant la droiture de Paul, ne lui laisse pas le temps de la réflexion. Il lui communique ce qui sera désormais sa mission : être serviteur et témoin de ce qu’il a vu et va encore voir auprès des juifs et des non-juifs, pour leur ouvrir les yeux et les amener à passer d’un camp spirituel, celui des ténèbres et de Satan, à un autre, celui de la lumière et de Dieu, et les amener à bénéficier par la foi des richesses spirituelles conséquentes à l’oeuvre de Christ : le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés.

5. Paul témoigne ensuite de l’obéissance immédiate qui fut la sienne suite à la révélation reçue. Il rappelle le contenu de ce qui fut sa prédication aussi bien auprès des juifs que des non-juifs : repentance, conversion et pratique d’oeuvres dignes de la repentance... justification de la mort et de la souffrance du Christ par Moïse, les prophètes et toute l’Ecriture.

lundi 3 novembre 2008

Actes 25,13 à 27


Texte biblique

Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée, pour saluer Festus. Comme ils passèrent là plusieurs jours, Festus exposa au roi l’affaire de Paul, et dit : Félix a laissé prisonnier un homme contre lequel, lorsque j’étais à Jérusalem, les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs ont porté plainte, en demandant sa condamnation. Je leur ai répondu que ce n’est pas la coutume des Romains de livrer un homme avant que l’inculpé ait été mis en présence de ses accusateurs, et qu’il ait eu la faculté de se défendre sur les choses dont on l’accuse. Ils sont donc venus ici, et, sans différer, je m’assis le lendemain sur mon tribunal, et je donnai l’ordre qu’on amenât cet homme. Les accusateurs, s’étant présentés, ne lui imputèrent rien de ce que je supposais ; ils avaient avec lui des discussions relatives à leur religion particulière, et à un certain Jésus qui est mort, et que Paul affirmait être vivant. Ne sachant quel parti prendre dans ce débat, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses. Mais Paul en ayant appelé, pour que sa cause fût réservée à la connaissance de l’empereur, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoyasse à César. Agrippa dit à Festus : Je voudrais aussi entendre cet homme. Demain, répondit Festus, tu l’entendras. Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe, et entrèrent dans le lieu de l’audience avec les tribuns et les principaux de la ville. Sur l’ordre de Festus, Paul fut amené. Alors Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes présents avec nous, vous voyez cet homme au sujet duquel toute la multitude des Juifs s’est adressée à moi, soit à Jérusalem, soit ici, en s’écriant qu’il ne devait plus vivre. Pour moi, ayant reconnu qu’il n’a rien fait qui mérite la mort, et lui–même en ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de le faire partir. Je n’ai rien de certain à écrire à l’empereur sur son compte ; c’est pourquoi je l’ai fait paraître devant vous, et surtout devant toi, roi Agrippa, afin de savoir qu’écrire, après qu’il aura été examiné. Car il me semble absurde d’envoyer un prisonnier sans indiquer de quoi on l’accuse.

Réflexion

Visite d’Agrippa et de Bérénice à Festus :

La visite du roi Agrippa à Césarée fut l’occasion pour Festus de lui partager son embarras au sujet de Paul, contre qui la multitude des juifs (les grands prêtres et les anciens en particulier) avaient porté plainte. Cet embarras, Festus l’exprima en relation avec le contenu des accusations qui étaient portées contre l’apôtre. Chargé de veiller au bon ordre civil de la région dont il était le gouverneur, Festus se rendait bien compte qu"aucune charge légale ne pouvait être retenue contre Paul. Le différent qui l’opposait à ses détracteurs était d’ordre uniquement religieux et relatif à la seule personne de Jésus qui était mort et que Paul affirmait vivant. Agrippa, sans doute bien informé de ce qui touchait à la doctrine nouvelle du Christ, saisit l’occasion pour demander à Festus d’entendre Paul, ce que le gouverneur ne lui refusa pas. La captivité de Paul, ses multiples comparutions sont ainsi l’occasion donnée par Dieu d’accomplir à son égard la parole donnée au jour de sa conversion : Actes 9,15. Il y a ainsi des personnes et des sphères que nous ne pouvons atteindre par le témoignage qu’au travers de circonstances exceptionnelles et souvent douloureuses. La proclamation du témoignage de Christ est un fait si important et qui tient tant à la Personne de Dieu qu’il passe en considération dans sa pensée avant notre bien-être, notre tranquillité ou notre vie. Sauvé par Christ, Dieu estime que notre vie doit désormais être entièrement vouée au salut des autres.

L’embarras de Festus témoigna à sa manière de toute la difficulté pour un état laïque de traiter, par les moyens judiciaires, des question religieuses. Dans l’état religieux, ces questions sont premières et revêtent un caractère sacré et absolu. Dans l’état laïc, elles sont pratiquement hors sujet, chacun étant libre de croire à ce qu’il veut, sous réserve de ne pas perturber l’ordre civil. Nous pouvons ainsi bénir Dieu pour l’Etat qui se porte garant de la liberté religieuse. Que Dieu nous donne de profiter de cette liberté avec sagesse et circonspection.

dimanche 2 novembre 2008

Actes 25,1 à 12


Texte biblique

Festus, étant arrivé dans la province, monta trois jours après de Césarée à Jérusalem. Les principaux sacrificateurs et les principaux d’entre les Juifs lui portèrent plainte contre Paul. Ils firent des instances auprès de lui, et, dans des vues hostiles, (25–3) lui demandèrent comme une faveur qu’il le fît venir à Jérusalem. Ils préparaient un guet–apens, pour le tuer en chemin. Festus répondit que Paul était gardé à Césarée, et que lui–même devait partir sous peu. Que les principaux d’entre vous descendent avec moi, dit–il, et s’il y a quelque chose de coupable en cet homme, qu’ils l’accusent. Festus ne passa que huit à dix jours parmi eux, puis il descendit à Césarée. Le lendemain, s’étant assis sur son tribunal, il donna l’ordre qu’on amenât Paul. Quand il fut arrivé, les Juifs qui étaient venus de Jérusalem l’entourèrent, et portèrent contre lui de nombreuses et graves accusations, qu’ils n’étaient pas en état de prouver. Paul entreprit sa défense, en disant : Je n’ai rien fait de coupable, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César. Festus, désirant plaire aux Juifs, répondit à Paul: Veux–tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses en ma présence ? Paul dit : C’est devant le tribunal de César que je comparais, c’est là que je dois être jugé. Je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais fort bien. Si j’ai commis quelque injustice, ou quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir ; mais, si les choses dont ils m’accusent sont fausses, personne n’a le droit de me livrer à eux. J’en appelle à César. Alors Festus, après avoir délibéré avec le conseil, répondit : Tu en as appelé à César ; tu iras devant César.

Réflexion

Paul devant Festus :

A peine nommé et arrivé sur place, le nouveau gouverneur se rendit à Jérusalem où il reçut la visite des grands prêtres et des notables juifs qui portèrent plainte contre Paul et lui demandèrent la faveur qu’il soit jugé à Jérusalem. Malgré le temps passé, l’hostilité des adversaires de Paul n’avait en rien diminué : leur objectif inavoué était le même : profiter de l’occasion du déplacement de Paul pour lui tendre un guet-apens et le supprimer.

Festus ne céda pas immédiatement à leur instance. Responsable de représenter Rome, il ne pouvait agir à sa guise et se devait de le faire en conformité avec les lois de l’empire qui exigeaient que justice soit rendue indépendamment des intérêts des parties. Aussi, si Paul ne fut pas livré entre les mains de ses adversaires, il ne le dut pas d’abord à Festus, qui était d’une personnalité moins ouverte à l’équité que Félix, mais au cadre législatif romain dans lequel Festus se devait d’exercer sa charge. Quand les hommes ne nous sont pas favorables, la loi reste le dernier rempart sur lequel nous pouvons nous appuyer pour que justice nous soit rendue.

Mis une fois de plus en accusation de façon grave et mensongère, Paul n’eut pas le loisir de se défendre de la même manière que devant Félix. Festus, semble-t-il, n’avait pas le même intérêt ni la même sensibilité que Félix sur les questions religieuses et spirituelles. Voyant que Festus était prêt à céder aux instances de ses adversaires qui réclamaient son jugement à Jérusalem, Paul choisit d’en appeler directement à César, signifiant par là qu’il préférait être jugé par une juridiction païenne et laïque que de courir le risque d’un mort prématurée et injuste au milieu de son peuple. Paul fera ici le choix inverse de Jésus qui, sachant ce qui allait Lui arriver, ira à Jérusalem. La différence entre les deux hommes tient au fait que s’il était indispensable, pour le salut du monde, que Jésus meure, il était préférable pour la même raison que Paul vive. Le choix de Paul ne fait cependant que confirmer la vérité mise en évidence par la croix, à savoir le rejet par Israël et ses autorités du salut offert par Dieu en Christ. Paul, en ayant appelé à César, Festus décidera qu’il ira à César ! Son sort n’en est pas pour autant meilleur, mais, au moins, aura-t-il la possibilité, pour un temps encore, de poursuivre sa course et d’être témoin du Christ devant d’autres autorités.

Que Dieu soit loué pour la sagesse qu’Il donne en son temps à chacun de Ses serviteurs. Bien que devant être prêt à mourir pour Christ, la Bible ne fait nulle part l’apologie du martyr. Le martyr est une fin possible, quant elle ne peut être évitée; mais elle ne doit pas être choisie volontairement si elle peut l’être.

samedi 1 novembre 2008

Actes 24,24 à 27


Texte biblique

Quelques jours après, Félix vint avec Drusille, sa femme, qui était Juive, et il fit appeler Paul. Il l’entendit sur la foi en Christ. Mais, comme Paul discourait sur la justice, sur la tempérance, et sur le jugement à venir, Félix, effrayé, dit : Pour le moment retire–toi ; quand j’en trouverai l’occasion, je te rappellerai. Il espérait en même temps que Paul lui donnerait de l’argent ; aussi l’envoyait–il chercher assez fréquemment, pour s’entretenir avec lui. Deux ans s’écoulèrent ainsi, et Félix eut pour successeur Porcius Festus. Dans le désir de plaire aux Juifs, Félix laissa Paul en prison.

Réflexion

Paul devant Félix et Drusille, sa femme :

Pour la seconde fois, et sans doute sur la sollicitation de sa femme, Félix envoya chercher Paul pour l’entendre. La motivation du gouverneur à ce sujet devait être double : d’une part, il voulait sans doute satisfaire à la curiosité de sa femme qui, précise le texte, était juive, donc, bien informée de l’espérance messianique qui habitait son peuple; d’autre part, dit Luc, il espérait quelque part, peut-être pas cette fois-ci mais à la longue, que Paul, leader reconnu du peuple chrétien, lui donne de l’argent, ou, du moins, lui en propose pour sa libération.

Peu importe ! Quelles que soient les circonstances et les motivations de ses auditeurs, Paul ne va pas pour autant adapter son message ! Plus que sur la grâce de Dieu, Paul va faire porter son entretien avec eux sur les thèmes premiers de la justice, du jugement et de la maîtrise de soi. Se faisant, il est fidèle à la ligne qu’il ne cessera de suivre en annonçant l’Evangile et en développant les fondements sur lesquels il repose. La bonne nouvelle du salut en Jésus-Christ n’a aucun sens si elle n’est pas précédée pour chacun de la mauvaise nouvelle de la disqualification de chacun au regard de la justice de Dieu. Cette conviction doit encore aujourd’hui être le fondement sur lequel se fonde notre annonce de la bonne nouvelle du salut en Christ !

Bien que l’Ecriture ne dise rien de la réaction et d’une conversion éventuelle de Drusille, la prédication de Paul, en ce qui concerne Félix, atteint son but. Celui-ci, dit Luc, ne put rester ni indifférent, ni à l’aise face au discours de Paul. Mais, remué jusqu’au plus profond de lui-même, et saisi de crainte, il renvoya Paul sur le champ. Le temps passant, l’impression première laissée par la prédication de Paul s’estompa et, comme nous l’avons vu, c’est pour des motivations plus mercantiles que, plus tard, il s’entretint de nouveau avec l’apôtre. Félix est la démonstration même de deux réalités :

- la 1ère est celle énumérée en 2 Cor 2,14 à 16 : nous sommes, dit Paul, lorsque nous annonçons l’Evangile, à la fois une odeur de mort et une odeur de vie pour ceux à qui nous l’annonçons. L’impact de notre prédication ne se mesure pas au nombre de conversions, mais d’abord à la réaction de ceux qui l’entendent. Une réaction de crainte, d’opposition est la preuve que notre message a atteint son but, qu’il a touché. La conclusion n’est peut-être pas celle que nous espérions, mais la mission a été remplie : le message a été prêché, entendu et compris. Le Saint-Esprit a travaillé les coeurs et touché les consciences.

- la seconde est que si, au jour où nous entendons la voix de Dieu, nous n’y répondons pas, nous risquons fort de l’oublier, de nous endurcir et de ne plus, à l’avenir, y être sensible. Certes, il est bon, à l’écoute de l’Evangile, de prendre conscience de l’engagement qu’il signifie, du prix qu’il exige. Mais ne tergiversons pas de trop car, à vouloir comme Félix prendre du recul, nous risquons de ne jamais prendre l’élan nécessaire pour nous lancer dans le saut de la foi. Une fois convaincu, il n’y a plus à réfléchir. Tout temps, tout délai que l’on s’accorde revient à donner à Satan l’occasion de nous séduire et de nous éloigner davantage de la proximité du salut : Hébr 3,7.15

Que le Seigneur nous donne dans Sa grâce d’appliquer encore aujourd’hui ce principe d’écoute à tout ce que nous entendons de sa part !

vendredi 31 octobre 2008

Actes 24,1 à 23


Texte biblique

Cinq jours après, arriva le souverain sacrificateur Ananias, avec des anciens et un orateur nommé Tertulle. Ils portèrent plainte au gouverneur contre Paul. Paul fut appelé, et Tertulle se mit à l’accuser, en ces termes: Très excellent Félix, tu nous fais jouir d’une paix profonde, et cette nation a obtenu de salutaires réformes par tes soins prévoyants ; c’est ce que nous reconnaissons en tout et partout avec une entière gratitude. Mais, pour ne pas te retenir davantage, je te prie d’écouter, dans ta bonté, ce que nous avons à dire en peu de mots. Nous avons trouvé cet homme, qui est une peste, qui excite des divisions parmi tous les Juifs du monde, qui est chef de la secte des Nazaréens, et qui même a tenté de profaner le temple. Et nous l’avons arrêté. Nous avons voulu le juger selon notre loi ; mais le tribun Lysias étant survenu, l’a arraché de nos mains avec une grande violence, en ordonnant à ses accusateurs de venir devant toi. Tu pourras toi–même, en l’interrogeant, apprendre de lui tout ce dont nous l’accusons. Les Juifs se joignirent à l’accusation, soutenant que les choses étaient ainsi. Après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, Paul répondit: Sachant que, depuis plusieurs années, tu es juge de cette nation, c’est avec confiance que je prends la parole pour défendre ma cause. Il n’y a pas plus de douze jours, tu peux t’en assurer, que je suis monté à Jérusalem pour adorer. On ne m’a trouvé ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans la ville, disputant avec quelqu’un, ou provoquant un rassemblement séditieux de la foule. Et ils ne sauraient prouver ce dont ils m’accusent maintenant. Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes, et ayant en Dieu cette espérance, comme ils l’ont eux–mêmes, qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes. C’est pourquoi je m’efforce d’avoir constamment une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Après une absence de plusieurs années, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation, et pour présenter des offrandes. C’est alors que quelques Juifs d’Asie m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement ni tumulte. C’était à eux de paraître en ta présence et de se porter accusateurs, s’ils avaient quelque chose contre moi. Ou bien, que ceux–ci déclarent de quel crime ils m’ont trouvé coupable, lorsque j’ai comparu devant le sanhédrin, à moins que ce ne soit uniquement de ce cri que j’ai fait entendre au milieu d’eux : C’est à cause de la résurrection des morts que je suis aujourd’hui mis en jugement devant vous. Félix, qui savait assez exactement ce qui concernait cette doctrine, les ajourna, en disant : Quand le tribun Lysias sera venu, j’examinerai votre affaire. Et il donna l’ordre au centenier de garder Paul, en lui laissant une certaine liberté, et en n’empêchant aucun des siens de lui rendre des services.

Réflexion

Comparution de Paul devant le gouverneur Félix :

5 jours après l’arrivée de Paul, sous bonne escorte, à Césarée, le grand-prêtre Ananias, accompagné de quelques anciens et de Tertullus, un avocat renommé, vint pour porter plainte devant le gouverneur Félix contre Paul. Se plaçant comme juge, Félix convoqua, comme il se doit, chaque partie pour l’écouter.

1. la partie accusation :

Elle était représentée par Tertullus qui commença son plaidoyer en louant hautement Félix pour sa façon d’administrer sa gouvernance. Cette flatterie, destinée à mettre de leur côté, le gouverneur était-elle la bienvenue ? Correspondait- elle aux sentiments réels des juifs envers lui ? Pas sûr que le gouverneur ait été dupe ! A vouloir en faire de trop, on finit par agir contre soi. Les motifs d’accusation dressés contre Paul :

- cet homme est une peste qui sème la division parmi les juifs de toutes les nations : demi-verité : le message de l’Evangile sépare et divise, mais Paul n’est pas une peste. Sa piété ne peut être mise en doute ;
- il a tenté de profaner le temple : faux. C’est sur la base d’un malentendu que Paul a été pris à parti et chassé du temple : 21,28-29

2. la défense de Paul :

Comme Tertullus, Paul commence, dans sa défense, à s’adresser au gouverneur Félix. Il lui exprime, non pas des flatteries, mais la confiance qui l’habite, qu’en tant que juge exerçant cette fonction dans cette région depuis de nombreuses années, Félix ait toute la connaissance et la compétence nécessaires pour se prononcer avec équité, justice et impartialité dans cette affaire. Alors que Tertullus avait misé sur la flatterie, Paul nous montre une autre voie au travers de laquelle nous devons construire les rapports de justice que nous pouvons avoir avec les autorités politiques qui gouvernent. Nous devons exprimer notre foi (confiance) dans le fait que, comme l’exige la loi, les personnes qui occupent des fonctions d’autorité les exercent avec droiture et sérieux et que nous ne serons pas déçus au sujet de la manière avec laquelle nos droits ou notre cause seront pris en compte. C’est l’assurance que la valeur que leur fonction incarne sera dignement représentée que nous devons leur exprimer. Se faisant, nous faisons appel, sans qu’ils s’en rendent compte à leur conscience devant Dieu, plaçant notre entretien, non sur le terrain personnel, mais sur un terrain spirituel. Il ne s’agit pas ici de les mettre dans notre poche en les flattant, mais de leur dire que, nous comme eux, nous sommes en quelque sorte devant Dieu, chacun à sa place, pour que la justice tranche et que le droit triomphe.

Cette introduction faite, Paul fait reposer son argumentation pour sa défense sur 2 choses :

1. la réalité des faits : v 11-12. Paul contredit la version de Tertullus. Il n’a rien fait depuis son arrivée à Jérusalem pour convaincre les juifs de sa foi. Il ne s’est rendu ni dans le temple, ni dans les synagogues, ni dans les rues dans ce but. Ses accusateurs sont donc incapables de prouver ce pour quoi ils l’accusent.

2. le seul point d’accord qu’il a avec ses adversaires est, dit Paul, le point sur lequel ils se séparent : depuis qu’Il est disciple de Christ, c’est au travers d’une voie nouvelle que, désormais, Paul rend un culte au dieu de ses pères. Mais, souligne-t-il, le contenu fondamental de sa foi n’a pas changé : il croit toujours à la validité de la Loi et des prophètes, à l’espérance de la résurrection des morts et veut toujours honorer Dieu par le service et les offrandes qu’il lui apporte.

Paul n’a pas eu tort de faire confiance à la perspicacité et la compétence de Félix. L’accusation entendue et la défense présentée, Félix refusa de trancher pour un parti contre l’autre. Il renvoya chacun, reportant son jugement à plus tard.

jeudi 30 octobre 2008

Actes 23,12 à 35


Texte biblique

Quand le jour fut venu, les Juifs formèrent un complot, et firent des imprécations contre eux–mêmes, en disant qu’ils s’abstiendraient de manger et de boire jusqu’à ce qu’ils eussent tué Paul. Ceux qui formèrent ce complot étaient plus de quarante, et ils allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les anciens, auxquels ils dirent: Nous nous sommes engagés, avec des imprécations contre nous–mêmes, à ne rien manger jusqu’à ce que nous ayons tué Paul. Vous donc, maintenant, adressez–vous avec le sanhédrin au tribun, pour qu’il l’amène devant vous, comme si vous vouliez examiner sa cause plus exactement ; et nous, avant qu’il approche, nous sommes prêts à le tuer. Le fils de la sœur de Paul, ayant eu connaissance du guet–apens, alla dans la forteresse en informer Paul. Paul appela l’un des centeniers, et dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter. Le centenier prit le jeune homme avec lui, le conduisit vers le tribun, et dit : Le prisonnier Paul m’a appelé, et il m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire. Le tribun, prenant le jeune homme par la main, et se retirant à l’écart, lui demanda : Qu’as–tu à m’annoncer ? Il répondit : Les Juifs sont convenus de te prier d’amener Paul demain devant le sanhédrin, comme si tu devais t’enquérir de lui plus exactement. Ne les écoute pas, car plus de quarante d’entre eux lui dressent un guet–apens, et se sont engagés, avec des imprécations contre eux–mêmes, à ne rien manger ni boire jusqu’à ce qu’ils l’aient tué ; maintenant ils sont prêts, et n’attendent que ton consentement. Le tribun renvoya le jeune homme, après lui avoir recommandé de ne parler à personne de ce rapport qu’il lui avait fait. Ensuite il appela deux des centeniers, et dit : Tenez prêts, dès la troisième heure de la nuit, deux cents soldats, soixante–dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée. Qu’il y ait aussi des montures pour Paul, afin qu’on le mène sain et sauf au gouverneur Félix. Il écrivit une lettre ainsi conçue: Claude Lysias au très excellent gouverneur Félix, salut ! Cet homme, dont les Juifs s’étaient saisis, allait être tué par eux, lorsque je survins avec des soldats et le leur enlevai, ayant appris qu’il était Romain. Voulant connaître le motif pour lequel ils l’accusaient, je l’amenai devant leur sanhédrin. J’ai trouvé qu’il était accusé au sujet de questions relatives à leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui mérite la mort ou la prison. Informé que les Juifs lui dressaient des embûches, je te l’ai aussitôt envoyé, en faisant savoir à ses accusateurs qu’ils eussent à s’adresser eux–mêmes à toi. Adieu. Les soldats, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul, et le conduisirent pendant la nuit jusqu’à Antipatris. Le lendemain, laissant les cavaliers poursuivre la route avec lui, ils retournèrent à la forteresse. Arrivés à Césarée, les cavaliers remirent la lettre au gouverneur, et lui présentèrent Paul. Le gouverneur, après avoir lu la lettre, demanda de quelle province était Paul. Ayant appris qu’il était de la Cilicie: Je t’entendrai, dit–il, quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu’on le gardât dans le prétoire d’Hérode.

Réflexion

Complot contre Paul et transfert à Césarée :

Le complot :
- auteurs : plus de 40 juifs
- détermination : liés ensemble par un engagement ils ne devaient, sous peine d’anathème, rien manger ni boire avant d’avoir tué Paul

Avoir de la détermination pour poursuivre un but est une bonne chose. Encore faudrait-il, surtout si l’on prend Dieu à témoin, que le but poursuivi soit d’abord réfléchi, pesé et évalué à la lumière de la Parole et de la pensée de Dieu.

C’est de Dieu d’abord que l’on doit recevoir la définition des causes pour lesquelles nous choisissons de nous engager corps et âme. Sans quoi notre précipitation irréfléchie risque fort de se retourner contre nous. Si Dieu est inclus dans nos engagements, il faut aussi que Celui-ci soit à la source de ceux-ci. Dieu ne va pas ratifier quelque chose qu’Il aurait pris en cours de route. C’est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes choses : tel est l’ordre juste des choses. Sans quoi la présence de Dieu que nous avons désiré risque fort de se manifester, nos pas en grâce et pour nous, mais en jugement et contre nous !

- stratégie :

Liés, engagés par leur serment, les adversaires de Paul n’avaient pas le choix. Il fallait que leur projet de meurtre contre sa personne réussisse. Aussi, décidèrent-ils de monter un stratagème pour mettre à exécution leurs basses oeuvres, stratagème qui obligeait le sanhédrin à être partie prenante du projet. Tous les ingrédients d’une oeuvre ténébreuse, meurtre et mensonge : cf Jean 8,44, sont ici réunis contre celui qui, après Jésus-Christ, fut le plus grand témoin de l’Evangile de son époque. Se faisant, ces hommes n’agissaient pas seulement contre Dieu et Sa loi, mais ils trompaient aussi l’autorité civile, se servant d’elle à dessein, puisque c’était sous prétexte de rendre justice qu’ils allaient lui demander l’autorisation d’une nouvelle comparution de l’apôtre.

Nous voyons donc dans cette affaire clairement deux partis se former : le parti de Dieu, représenté par Paul, son serviteur sur le plan spirituel, et l’autorité romaine, son serviteur sur le plan civil; puis le parti du Malin représenté par les 40 ennemis jurés de Paul et le sanhédrin, juridiction religieuse, représentant le judaïsme officiel. La reproduction presque à l’identique de ce qui s’est déjà passé avec Jésus (Pilate préférant le sauver qu’autre chose) et, plus tard également, avec Luther, bénéficiant de la protection de l’Electeur de Saxe contre Rome. Soyons pour nous-mêmes, en tant que témoins du Christ, bien conscients qui ou de quel côté se trouvent nos alliés. Tout ce qui a le nom de Dieu à la bouche ne vient pas forcément de Lui. Considérons aussi la valeur des autorités civiles dans la Bible : dans leur fonction de gardien de l’ordre, elles ne sont pas d’abord contre nous, mais pour nous !

Le complot déjoué, Paul transféré :

La délivrance du complot dressé contre Paul par les juifs nous rappelle que, dans la vie du croyant, ce ne sont pas les desseins des méchants contre lui qui s’accomplissent, mais le dessein de Dieu. Le dessein de Dieu n’est cependant pas d’abord la délivrance, le confort de Son serviteur mais son témoignage. La persécution, les différentes arrestations et comparutions que Paul connut ne sont pas l’objet du hasard ou de l’impuissance de Dieu. Elles sont, au contraire, au coeur de Son projet pour l’apôtre, tel que, dès sa conversion, ce projet a été formulé : Actes 9,15. Ce que Paul ne pouvait faire par lui-même (être un témoin du Christ auprès des grands de son temps), c’est la persécution qui va lui permettre de le faire. Ainsi donc, en croyant nuire aux serviteurs de Dieu, les adversaires de l’Evangile ne font que lui ouvrir des possibilités de service inédites. Le vécu de Paul illustre une fois de plus qu’en s’opposant à Dieu et à Ses desseins, le diable ne fait que rehausser Sa gloire. Déjà aujourd’hui, l’ennemi est le marchepied dont Dieu se sert pour s’élever encore un peu plus que ce qu’Il était sans lui. Il était impossible à Dieu par Lui-même de s’élever davantage qu’Il ne l’était. C’est l’opposition qui se lèvera contre Sa personne qui Lui permettra de le faire. Romains 5,8 en est la démonstration suprême.

Nous ne savons pas comment, par quel chemin, le complot dressé contre Paul parvint aux oreilles du fils de sa soeur. Peut-être, défaut ici bienheureux, l’information a-t-elle filtré de quelqu’un qui n’a pas su tenir sa langue. Quoi qu’il en soit, Dieu s’est servi de cette faille chez l’ennemi pour révéler les sombres desseins cachés des coeurs. Nous pouvons compter sur Dieu pour veiller et mettre lui-même en oeuvre les moyens par lesquels les projets de ses adversaires échoueront.

Une fois de plus ici, l’autorité civile apparaît comme la servante civile de Dieu et la gardienne de l’ordre et de la justice. Paul échappe aux méchants grâce à son exercice. Béni soit Dieu pour tous les moyens dont Il dispose pour réaliser Sa volonté ! Que notre foi en Sa souveraineté et Sa providence soit la certitude qui nous habite en tout temps. Dieu est là et Il ne saurait, au moment de l’épreuve, nous abandonner. Béni soit Son Nom !

lundi 27 octobre 2008

Actes 23,1 à 11

Texte biblique

Paul, les regards fixés sur le sanhédrin, dit : Hommes frères, c’est en toute bonne conscience que je me suis conduit jusqu’à ce jour devant Dieu… Le souverain sacrificateur Ananias ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper sur la bouche. Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ! Tu es assis pour me juger selon la loi, et tu violes la loi en ordonnant qu’on me frappe ! Ceux qui étaient près de lui dirent: Tu insultes le souverain sacrificateur de Dieu ! Et Paul dit : Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne parleras pas mal du chef de ton peuple. Paul, sachant qu’une partie de l’assemblée était composée de sadducéens et l’autre de pharisiens, s’écria dans le sanhédrin : Hommes frères, je suis pharisien, fils de pharisiens ; c’est à cause de l’espérance et de la résurrection des morts que je suis mis en jugement. Quand il eut dit cela, il s’éleva une discussion entre les pharisiens et les sadducéens, et l’assemblée se divisa. Car les sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, et qu’il n’existe ni ange ni esprit, tandis que les pharisiens affirment les deux choses. Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; peut–être un esprit ou un ange lui a–t–il parlé. Comme la discorde allait croissant, le tribun craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens, fit descendre les soldats pour l’enlever du milieu d’eux et le conduire à la forteresse. La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul, et dit : Prends courage ; car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome.

Réflexion

Paul devant le sanhédrin :


Les 3 faits majeurs de cette comparution :

1. Paul, aura à peine le temps d’ouvrir la bouche, qu’il sera, en dépit de toute procédure légale, l’objet immédiat de la violence, là même où la justice (les droits de la défense et de l’accusation) devait être rendue. Paul se retrouve ici dans la même situation que Jésus qui a fait l’expérience avant lui que ceux qui devaient statuer sur son cas et se montrer impartial, étaient partie prenante dans le procès et le jugement rendu. Indigné par le comportement de la cour, Paul commettra l’erreur de s’en prendre à Ananias, le grand prêtre, l’initiateur de la violence exercée contre lui, et de le placer face à la responsabilité de son acte devant Dieu. Conscient qu’il portait atteinte à la dignité d’un chef en Israël, il s’en excusera, démontrant par là une fois de plus son attachement à la loi.

2. Paul, comprenant qu’il n’avait aucune chance d’être entendu en présentant une défense identique à celle qui avait provoqué la colère des juifs, va jouer sur les divisions internes et connues de l’assemblée réunie et utiliser les convictions d’un parti auxquelles ils souscrivaient pour monter les uns contre les autres. Tactique habile qui amènera le déplacement du centre de gravité du conflit de la doctrine chrétienne aux divisions internes du judaïsme. En semant ainsi le trouble et la zizanie au milieu du sanhédrin, Paul provoqua une division telle que d’accusateurs, quelques-uns des membres de l’assemblée réunie devinrent des avocats. Paul fera la démonstration d’une vérité énoncée avant lui par Jésus (et qui s’applique à toute maison ou communauté) : la vérité selon laquelle toute maison ou royaume divisé contre lui-même ne peut subsister !

3. Pour la 3ème fois, Paul ne devra son salut qu’à l’intervention conséquente et musclée du tribun militaire qui, voyant la tournure que prenaient les choses, préféra soustraire Paul du tribunal avant qu’il ne soit mis en pièces par les belligérants.

Le plus grand sujet de joie de Paul ne sera cependant pas d’avoir réussi, sans doute mû par une soudaine inspiration, à se tirer à bon compte de la situation difficile dans laquelle il se trouvait. Il le vivra la nuit suivant ses évènements, lorsque, seul dans la cellule de la forteresse où il était enfermé, il reçut la visite du Seigneur qui lui manifesta Son contentement, l’encouragea à poursuivre dans la voie qu’il avait prise et lui annonça la future étape du programme qu’Il avait préparé pour la mission de témoin prévue pour lui : Rome.

dimanche 26 octobre 2008

Actes 22


Texte biblique

Hommes frères et pères, écoutez ce que j’ai maintenant à vous dire pour ma défense ! Lorsqu’ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils redoublèrent de silence. Et Paul dit: je suis Juif, né à Tarse en Cilicie ; mais j’ai été élevé dans cette ville–ci, et instruit aux pieds de Gamaliel dans la connaissance exacte de la loi de nos pères, étant plein de zèle pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui. J’ai persécuté à mort cette doctrine, liant et mettant en prison hommes et femmes. Le souverain sacrificateur et tout le collège des anciens m’en sont témoins. J’ai même reçu d’eux des lettres pour les frères de Damas, où je me rendis afin d’amener liés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là et de les faire punir. Comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, tout à coup, vers midi, une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. Je tombai par terre, et j’entendis une voix qui me disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes–tu ? Je répondis : Qui es–tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes. Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait. Alors je dis : Que ferai–je, Seigneur ? (22–10) Et le Seigneur me dit : Lève–toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire. Comme je ne voyais rien, à cause de l’éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main, et j’arrivai à Damas. Or, un nommé Ananias, homme pieux selon la loi, et de qui tous les Juifs demeurant à Damas rendaient un bon témoignage, vint se présenter à moi, (22–13) et me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Au même instant, je recouvrai la vue et je le regardai. Il dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de sa bouche ; car tu lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. Et maintenant, que tardes–tu ? Lève–toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur. De retour à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase, et je vis le Seigneur qui me disait : Hâte–toi, et sors promptement de Jérusalem, parce qu’ils ne recevront pas ton témoignage sur moi. Et je dis : Seigneur, ils savent eux–mêmes que je faisais mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi, et que, lorsqu’on répandit le sang d’Etienne, ton témoin, j’étais moi–même présent, joignant mon approbation à celle des autres, et gardant les vêtements de ceux qui le faisaient mourir. Alors il me dit : Va, je t’enverrai au loin vers les nations…. Ils l’écoutèrent jusqu’à cette parole. Mais alors ils élevèrent la voix, disant : Ote de la terre un pareil homme ! Il n’est pas digne de vivre. Et ils poussaient des cris, jetaient leurs vêtements, lançaient de la poussière en l’air. Le tribun commanda de faire entrer Paul dans la forteresse, et de lui donner la question par le fouet, afin de savoir pour quel motif ils criaient ainsi contre lui. Lorsqu’on l’eut exposé au fouet, Paul dit au centenier qui était présent : Vous est–il permis de battre de verges un citoyen romain, qui n’est pas même condamné ? A ces mots, le centenier alla vers le tribun pour l’avertir, disant : Que vas–tu faire ? Cet homme est Romain. Et le tribun, étant venu, dit à Paul : Dis–moi, es–tu Romain ? Oui, répondit–il. Le tribun reprit : C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de citoyen. Et moi, dit Paul, je l’ai par ma naissance. Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent, et le tribun, voyant que Paul était Romain, fut dans la crainte parce qu’il l’avait fait lier. Le lendemain, voulant savoir avec certitude de quoi les Juifs l’accusaient, le tribun lui fit ôter ses liens, et donna l’ordre aux principaux sacrificateurs et à tout le sanhédrin de se réunir ; puis, faisant descendre Paul, il le plaça au milieu d’eux.

Réflexion

La défense de Paul : son témoignage

Ayant face à lui une foule déchaînée, remontée contre lui, Paul choisit pour présenter sa défense de s’en tenir aux faits qui, de juif pratiquant, zélé pour la loi, l’ont amené à professer, confesser et servir Christ et la cause de l’Evangile. Ce sont ces faits qui constituent la base de son témoignage.
Grandes lignes : Paul rappelle

1. Ce qu’il était avant de professer la foi en Christ

ses origines,
l’éducation reçue aux pieds de Gamaliel
son zèle extrême pour la foi de ses pères
ses convictions anciennes quant à l’Evangile
son comportement ancien à l’égard de ceux qui le professaient
son engagement total dans le combat qui avait pour objet de l’éradiquer

2. Ce qui s’est passé sur le chemin de Damas

la révélation de Christ telle qu’elle s’est produite
Jésus existe et c’est Lui qu’il combat en combattant Ses témoins
les faits de l’Evangile sont vrais
la rencontre avec Ananias, homme pieux reconnu par tous
la nouvelle mission : de Saul à Paul
le premier acte marquant sa nouvelle identité : le baptême

3. Les premiers moments de son parcours nouveau

la révélation du Seigneur dans le temple à Jérusalem
l’injonction de quitter rapidement la ville à cause du danger qu’il y courrait
l’incrédulité de Paul quant au refus des juifs de recevoir son témoignage si fort en contraste avec la vie, les actes et les convictions du passé
la nouvelle cible qu’il est appelé à viser : les non-juifs

Paul ne pourra pas aller plus loin. Furieux d’entendre en si peu de temps ce qui leur paraît un tissu d’hérésies et de provocations, la foule va se mettre à manifester de nouveau son indignation, une indignation telle qu’elle ira jusqu’à réclamer la vie et le sang de l’apôtre. Paul ne devra son salut, une fois de plus, qu’à l’intervention musclée du tribun qui, ne comprenant rien à ce qui se passait et à la cause du déchaînement de colère des juifs contre Paul, s’apprêta à le faire fouetter. Ayant appris cependant de sa bouche qu’il était un citoyen romain, il se ravisa, n’ayant pas l’autorisation légale de le faire. L’affaire étant d’abord une affaire juive interne, il décida dès le lendemain de convoquer le sanhédrin et les grands-prêtres, instance qui, rappelons-le, est celle qui décida de la mort même de Jésus.

samedi 25 octobre 2008

Actes 21,27 à 40


Texte biblique

Sur la fin des sept jours, les Juifs d’Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent la main sur lui, en criant : Hommes Israélites, au secours ! Voici l’homme qui prêche partout et à tout le monde contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu ; il a même introduit des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu. Car ils avaient vu auparavant Trophime d’Ephèse avec lui dans la ville, et ils croyaient que Paul l’avait fait entrer dans le temple. Toute la ville fut émue, et le peuple accourut de toutes parts. Ils se saisirent de Paul, et le traînèrent hors du temple, dont les portes furent aussitôt fermées. Comme ils cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la cohorte que tout Jérusalem était en confusion. A l’instant il prit des soldats et des centeniers, et courut à eux. Voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de frapper Paul. Alors le tribun s’approcha, se saisit de lui, et le fit lier de deux chaînes. Puis il demanda qui il était, et ce qu’il avait fait. Mais dans la foule les uns criaient d’une manière, les autres d’une autre ; ne pouvant donc rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il ordonna de le mener dans la forteresse. Lorsque Paul fut sur les degrés, il dut être porté par les soldats, à cause de la violence de la foule ; car la multitude du peuple suivait, en criant : Fais–le mourir ! Au moment d’être introduit dans la forteresse, Paul dit au tribun: M’est–il permis de te dire quelque chose ? Le tribun répondit : Tu sais le grec ? Tu n’es donc pas cet Egyptien qui s’est révolté dernièrement, et qui a emmené dans le désert quatre mille brigands ? Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans importance. Permets–moi, je te prie, de parler au peuple. Le tribun le lui ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple. Un profond silence s’établit, et Paul, parlant en langue hébraïque, dit:

Réflexion

Arrestation de Paul dans le temple :

Tous les efforts entrepris par Paul, sur le conseil des anciens de l’Eglise de Jérusalem, pour désamorcer le conflit inévitable, dû à la réputation que l’apôtre s’était faite par son enseignement, furent inutile. Tôt ou tard, et c’était la volonté de Dieu, il ne pouvait y avoir que conflit et séparation entre ceux pour qui la loi restait le fondement à partir duquel se construisait la relation avec Dieu et les tenants, comme Paul, d’une nouvelle alliance fondée sur la grâce manifestée en Jésus-Christ. La réaction des anciens de Jérusalem est la même que celle des prélats et des religieux, certes gagné aux thèses de Luther, mais pensant que la rupture avec l’église catholique n’était pour autant pas nécessaire. Il faut cependant s’y résoudre : il n’y a pas de points d’accord possible entre le système qui repose sur les mérites de l’homme et celui dans lequel tout procède du don de la grâce de Dieu. Aussi n’y avait-il pas d’autre possibilité pour Paul, comme pour Luther plus tard, que celle de la rupture. Notons bien cependant que dans les deux cas, ce n’est pas sans avoir été jusqu’aux limites de ce qui était possible sur le plan de la concession qu’elle est survenue. Mais quand sur le fond on est en désaccord, aucun effort sur la forme ne peut résoudre le problème.

Paul, donc, entré dans le temple, ne put longtemps resté inaperçu. La rumeur l’ayant précédé, il ne put ni se défendre, ni se justifier. il fut immédiatement pris à parti, molesté et il ne dut son salut, une fois de plus, qu’à l’intervention des forces civiles de l’ordre. Les cris et la confusion étaient tels qu’il fut impossible au tribun de connaître la raison exacte de la haine et des réactions violentes de la foule contre Paul. Aussi, avec l’autorisation de l’autorité sur place, Paul, debout sur les marches qui menaient à la forteresse où il devait être emprisonné, entreprit-il de présenter au peuple sa défense.

vendredi 24 octobre 2008

Actes 21,15 à 26


Texte biblique

Après ces jours–là, nous fîmes nos préparatifs, et nous montâmes à Jérusalem. Quelques disciples de Césarée vinrent aussi avec nous, et nous conduisirent chez un nommé Mnason, de l’île de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger. Lorsque nous arrivâmes à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques, et tous les anciens s’y réunirent. Après les avoir salués, il raconta en détail ce que Dieu avait fait au milieu des païens par son ministère. Quand ils l’eurent entendu, ils glorifièrent Dieu. Puis ils lui dirent : Tu vois, frère, combien de milliers de Juifs ont cru, et tous sont zélés pour la loi. Or, ils ont appris que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les païens à renoncer à Moïse, leur disant de ne pas circoncire les enfants et de ne pas se conformer aux coutumes. Que faire donc ? Sans aucun doute la multitude se rassemblera, car on saura que tu es venu. C’est pourquoi fais ce que nous allons te dire. Il y a parmi nous quatre hommes qui ont fait un vœu ; prends–les avec toi, purifie–toi avec eux, et pourvois à leur dépense, afin qu’ils se rasent la tête. Et ainsi tous sauront que ce qu’ils ont entendu dire sur ton compte est faux, mais que toi aussi tu te conduis en observateur de la loi. A l’égard des païens qui ont cru, nous avons décidé et nous leur avons écrit qu’ils eussent à s’abstenir des viandes sacrifiées aux idoles, du sang, des animaux étouffés, et de l’impudicité. Alors Paul prit ces hommes, se purifia, et entra le lendemain dans le temple avec eux, pour annoncer à quel jour la purification serait accomplie et l’offrande présentée pour chacun d’eux.

Réflexion

Perception de Paul par les Juifs de Jérusalem :

Arrivé à Jérusalem, Paul est confronté à la perception négative que les Juifs ont de son enseignement sur la loi. Apôtre des païens, Paul n’a sans doute pas manqué, à plusieurs reprises, de parler du caractère caduque de la dispensation de la loi, donnée, comme il le dit dans les galates, pour un temps, en vue de la justification par la foi. Le défi auquel était confronté Paul ici était, d’une part, de ne renier en rien l’enseignement qu’il n’avait cessé de dispenser sur ce sujet partout où il était allé, et, d’autre part, de manifester aux juifs, très sensibles sur le sujet, son attachement de coeur à Moïse et à la loi et sa considération pour celle-ci. La difficulté résidait dans le fait de montrer aux juifs, pour qui la loi était centrale, dans quelle perspective, à la lumière de la venue de Christ, il la considérait désormais.

Conseillé par les frères anciens de l’église de Jérusalem, dont Jacques, le propre frère du Seigneur, Paul se soumit à une procédure préparée d’avance pour lui, au travers de laquelle il montrerait publiquement à tous son attachement à la loi, ses prescriptions et ses coutumes. Il choisit donc d’emprunter un chemin fabriqué de toutes pièces par l’homme, chemin qui avait pour objet de le rendre recommandable à la communauté, plutôt que de suivre la direction et les instructions de l’Esprit. Se faisant, Paul ne faisait que pécher à moitié, car il ne faisait d’un autre côté qu’appliquer un principe qu’il ne cessa également d’enseigner dans toutes les églises : le principe de la soumission mutuelle. Cette voie tentante du compromis, de la recherche de l’apaisement par le geste fabriqué peut-elle être celle qu’appuie l’Esprit ? La suite de l’histoire va amplement le démontrer !

Rappelons-nous que, quels que soient les efforts fournis pour justifier une position spirituelle que nous avons, ce n’est que par l’Esprit que les autres peuvent en comprendre la teneur. Notre objectif en toutes choses doit continuer à être de gagner la faveur de Dieu plutôt que celle des hommes !

jeudi 23 octobre 2008

Actes 21,1 à 14


Texte biblique

Nous nous embarquâmes, après nous être séparés d’eux, et nous allâmes directement à Cos, le lendemain à Rhodes, et de là à Patara. Et ayant trouvé un navire qui faisait la traversée vers la Phénicie, nous montâmes et partîmes. Quand nous fûmes en vue de l’île de Chypre, nous la laissâmes à gauche, poursuivant notre route du côté de la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, où le bâtiment devait décharger sa cargaison. Nous trouvâmes les disciples, et nous restâmes là sept jours. Les disciples, poussés par l’Esprit, disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, lorsque nous fûmes au terme des sept jours, nous nous acheminâmes pour partir, et tous nous accompagnèrent avec leurs femmes et leurs enfants jusque hors de la ville. Nous nous mîmes à genoux sur le rivage, et nous priâmes. Puis, ayant pris congé les uns des autres, nous montâmes sur le navire, et ils retournèrent chez eux. Achevant notre navigation, nous allâmes de Tyr à Ptolémaïs, où nous saluâmes les frères, et passâmes un jour avec eux. Nous partîmes le lendemain, et nous arrivâmes à Césarée. Etant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept, nous logeâmes chez lui. Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient. Comme nous étions là depuis plusieurs jours, un prophète, nommé Agabus, descendit de Judée et vint nous trouver. Il prit la ceinture de Paul, se lia les pieds et les mains, et dit : Voici ce que déclare le Saint–Esprit : L’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à Jérusalem, et le livreront entre les mains des païens. Quand nous entendîmes cela, nous et ceux de l’endroit, nous priâmes Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit : Que faites–vous, en pleurant et en me brisant le cœur ? Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. Comme il ne se laissait pas persuader, nous n’insistâmes pas, et nous dîmes: Que la volonté du Seigneur se fasse !

Réflexion

De Milet à Jérusalem :

Les leçons et les informations que nous pouvons apprendre de ce voyage :

1. 1ère leçon : une leçon sur l’avancée de l’Evangile en territoire païen. Partout où Paul et son équipe débarquent, ils sont accueillis par des disciples, ce qui démontre la rapidité avec laquelle l’Evangile s’est propagé en quelques décennies. Nous ne savons pas dans quelle mesure s’élevait le taux de pénétration du christianisme dans la population. Sans doute était-il assez peu uniforme. Mais ce qui apparaît certain est que dans les plus grands bassins de population (les villes), l’Eglise de Jésus-Christ était implantée.

2. 2ème leçon : la tendance confirmée par l’Esprit dans tous les lieux où Paul se rend de ce qui l’attend à Jérusalem. Un parcours qui ressemble de fort près à celui de Jésus. Avec partout la même réaction des disciples à l’égard de Paul (une insistance pour qu’il ne se rende pas dans la capitale juive), et la même réaction de l’apôtre (le témoignage de sa volonté d’être prêt à être martyr pour la cause de l’Evangile si Dieu le veut).

3. 3ème leçon : une petite parenthèse rapide sur la possibilité pour des femmes d’exercer un ministère prophétique, à l’exemple des 4 filles vierges de l’évangéliste Philippe chez lequel Paul et son équipe feront escale plusieurs jours. Un ministère dont nous avons aussi la description d’un aspect en la personne d’Agabus, venu spécialement de Jérusalem pour signifier à Paul ce qui l’attend (Agabus que nous retrouvons pour la seconde fois dans le livre des Actes dans ce rôle : Actes 11,28).

mardi 21 octobre 2008

Actes 20,32 à 38


Texte biblique

Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, à celui qui peut édifier et donner l’héritage avec tous les sanctifiés. Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous savez vous–mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré de toutes manières que c’est en travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui–même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Après avoir ainsi parlé, il se mit à genoux, et il pria avec eux tous. Et tous fondirent en larmes, et, se jetant au cou de Paul, (20–38) ils l’embrassaient, affligés surtout de ce qu’il avait dit qu’ils ne verraient plus son visage. Et ils l’accompagnèrent jusqu’au navire.

Réflexion

Comment quitter une œuvre dans la paix :

S’il y a une chose que l’on doit retenir des adieux de Paul aux anciens d’Ephèse est que ce qu’il annonce, concernant l’avenir de l’église et de l’œuvre commencée sur place, est loin d’être rassurant. Aussi se pose ici une question : après s’être tant investi et avoir payé de sa personne, comme il le rappelle encore ici, pour la naissance d’une œuvre qu’il sent menacée pour l’avenir, comment un apôtre peut-il malgré tout la quitter dans la paix ? la première parole de Paul y réponde : si lui ne peut rien retenir et garder, il sait que quelqu’un de plus fort, de plus puissant, et de plus important que Lui a le pouvoir, bien plus que lui, de veiller et de garder ce qui a été commencé.

L’attitude de Paul dans cette situation d’adieu est riche d’enseignement pour nous. Elle nous rappelle que :

- quelle que soit la valeur, l’importance, la capacité dont a fait preuve le père fondateur dans la mise en route d’une œuvre, celui-ci est et ne reste qu’un ouvrier temporaire dont l’œuvre est transitoire. Les serviteur, l’un après l’autre, passent, mais l’œuvre demeure, car, avant d’être l’œuvre d’un homme, l’église, le travail spirituel qui se fait dans les cœurs et sa poursuite, est l’œuvre de Dieu. Comme sans Lui, elle n’aurait pu se faire et démarrer, sans Lui, de toute manière, elle ne peut se poursuivre.

- quel que soit le degré d’investissement qu’a été celui de l’ouvrier dans la naissance d’une œuvre, vient le temps où celui-ci doit lâcher les rênes de la direction de l’œuvre et passer la main. Or, pour l’ouvrier qui quitte, le repose ne se trouve pas d’abord dans la confiance qu’il peut avoir en l’ouvrier qui le suit, mais en la fidélité et la puissance du Dieu avec qui il a travaillé et qui, in fine, est le seul garant de l’avenir de cette œuvre.

- le degré d’investissement dont a fait preuve l’ouvrier engagé dans le début d’une œuvre et la qualité de son travail ne sont jamais preuve de la garantie de la pérennité de cette œuvre dans les mêmes conditions. Alors que l’action s’arrête, est rendu plus évident encore pour l’ouvrier qui en a été l’auteur le besoin et la nécessité de la foi et de la prière.

C’est de manière déchirante que Paul, aussi bien que les anciens d’Ephèse qui lui sont liés par tant de souvenirs, prennent congé les uns des autres. Si des adieux entre frères sont toujours difficiles, nous savons cependant qu’ils seront suivis un jour ou l’autre de joyeuses retrouvailles éternelles. Que le Seigneur nous donne à chacun de nous attacher les uns aux autres dans une juste mesure. Personne, y compris les meilleurs, dans l’œuvre de Dieu n’est irremplaçable. Tous nous devons un jour rendre notre tablier. Que nous puissions le faire le cœur en paix, dans le repos de la foi en Celui qui, Lui, ne passe pas !

samedi 18 octobre 2008

Actes 20,17 à 31


Texte biblique

Cependant, de Milet Paul envoya chercher à Ephèse les anciens de l’Eglise. Lorsqu’ils furent arrivés vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, je me suis sans cesse conduit avec vous, servant le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs. Vous savez que je n’ai rien caché de ce qui vous était utile, et que je n’ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons, annonçant aux Juifs et aux Grecs la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus–Christ. Et maintenant voici, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y arrivera ; seulement, de ville en ville, l’Esprit–Saint m’avertit que des liens et des tribulations m’attendent. Mais je ne fais pour moi–même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Et maintenant voici, je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous au milieu desquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis pur du sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher. Prenez donc garde à vous–mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint–Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise du Seigneur, qu’il s’est acquise par son propre sang. Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc, vous souvenant que, durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous.

Réflexion

Adieux de Paul aux anciens d’Ephèse :

Conscient qu’il est sur la fin de son parcours, Paul profite de son passage à proximité d’Ephèse pour envoyer chercher les anciens de l’église de cette ville dans laquelle il demeura au moins deux ans pour leur faire ses adieux. Réuni avec eux, Paul leur ouvre son coeur et leur donne une triple vue sur le parcours commun que le Seigneur leur a permis de vivre ensemble :

1. Concernant le passé, Paul témoigne et rappelle quelle a été sa conduite devant eux depuis le premier jour où, dit-il, il a mis les pieds en Asie pour annoncer l’Evangile. Paul leur rappelle ainsi le modèle qu’il leur a donné. Il le fait pour plusieurs raisons : pour que les éphésiens se souviennent de quel moule ils sont sortis et n’oublient pas quel est le père duquel ils sont issus : cf Esaïe 51,1-2; Hébr 13,7. C’est ce modèle initial, veut dire Paul, qui doit rester dans leur esprit le modèle de référence pour leurs vies de ce qui doit être fait et vécu pour le nom de Jésus-Christ. Il leur rappelle par ce modèle les grandes vertus qui doivent caractériser la vie du témoin de Christ dans le monde : courage, ténacité, persévérance, humilité... mais aussi la méthode qui a été la sienne : l’annonce publique et dans les maisons à tous de l’Evangile... ainsi que le contenu du message qui a été le sien : repentance, conversion à Dieu, foi en Jésus-Christ.

2. Concernant le moment présent, il témoigne de ce que, esclave du Saint-Esprit, il sait et pressent de ce qui l’attend en faisant route vers Jérusalem. Là encore, Paul réaffirme, malgré le degré de menace plus important, sa volonté de ne changer en rien sa ligne de conduite. Une seule chose compte en effet à ses yeux : non la sécurité et l’avenir de sa personne, mais le fait d’achever sa course et de mener à terme le ministère que le Seigneur lui a confié : rendre témoignage de la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.

3. Concernant l’avenir, Paul, conscient que c’est la dernière fois qu’il voit ses frères, leur donne sous forme de testament spirituel, ses dernières directives et avertissements :

- v 26-27 : il responsabilise les anciens en se déchargeant une fois pour toutes de sa propre responsabilité spirituelle quant à l’avenir de l’oeuvre de Dieu parmi eux. De son côté, c’est en toute bonne conscience et avec le sentiment du devoir accompli qu’il ôte le tablier de serviteur qu’il portait et quitte son service pour le confier à ceux qui en prendront la suite.

- v 28 à 31 : il les exhorte à veiller et prendre garde au troupeau que Dieu leur confie (ce qui est le devoir et la charge principale d’un berger) et les avertit du danger des prédateurs féroces qui, après son départ, ne manqueront pas de s’attaquer à lui. Indirectement, Paul souligne ici l’une des fonctions essentielles de l’apôtre ou du père fondateur d’une église, celle d’être un rempart donné par Dieu contre les ambitions humaines et charnelles de ceux qui ne songent qu’à une chose : utiliser le troupeau pour satisfaire leur désir de domination sur les âmes. C’est pourquoi Paul le rappelle : veiller est la mission permanente et première que doit se donner chaque berger, une mission qui oblige à être lucide et se garder de toute naïveté et sentimentalisme bon enfant. Une mission difficile qui requiert à la fois une attitude de détachement et de proximité, de recul et de vigilance, de patience et d’intervention, d’amour pour les hommes et d’obéissance prioritaire à Dieu. Paul, maintenant qu’il quitte sa charge, se cite de nouveau comme modèle à imiter pour ses frères, non en vue de s’enorgueillir de ce qu’il a fait au milieu d’eux, mais pour que chacun garde en son esprit l’exemple vivant de son vécu pour s’en inspirer.